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Interview de Giovanni Portelli par Angeline Monceaux

Angeline :

– Bonjour, Giovanni et bienvenue sur Auteur et Cie, même si tu t’y trouves tous les jours J.

Giovanni :

– Bonjour Angeline, bonjour à ceux qui prendront le temps de nous lire ici.

Angeline :

– Que représente l’écriture pour toi ?

Giovanni :

– Je ne pense pas que je vais être original en disant que le premier but de l’écriture, c’est de dépasser une douleur ou un manque, en alimentant des pages plutôt que son anxiété. Ensuite, avec les années et les éclaircies, le besoin s’est changé en plaisir et la béquille est devenue un passe-temps. J’ai gardé le goût de mettre en place des engrenages, approfondir les réactions de mes personnages et développer, parfois, quelques points techniques. C’est désormais une passion qui se rapproche du modélisme, à mon point de vue.

Angeline :

– Pourquoi et comment es-tu devenu écrivain ? Peux-tu nous parler un peu de toi ?

Giovanni :

– Du coup, j’ai anticipé la première question. Écrire est un perpétuel apprentissage, et le prochain livre aura normalement moins de défauts que le précédent. Mais ce sont les lecteurs qui font de vous un écrivain. C’est plus une marque de reconnaissance qu’un titre qu’on peut s’attribuer, je trouve.

Angeline :

– Quel genre de livres écris-tu ?

Giovanni :

– Ah ! La question du genre. Je trouve toujours les genres réducteurs et je n’aime pas coller d’étiquette aux personnes ou aux choses, sauf en cuisine, où il est quand même intéressant de différencier la farine du sucre en poudre… Non sérieusement, j’ai été édité en 2009 dans ce qu’on retient aujourd’hui sous le nom d’auto-fiction, avec l’Homme qui changeait la vie, une histoire sur la timidité, qui est encore mon plus grand défaut, même si elle s’est commuée aujourd’hui en une espèce de peur de déranger les autres. C’est assez antinomique avec le concept d’auteur auto-édité en définitive, mais hélas, on ne se refait pas. Pour revenir à la question, j’écris essentiellement des fictions mettant en scène des gens la plupart du temps ordinaires, dans des situations teintées de surnaturel.

Angeline :

– Que lis-tu et quels sont les ouvrages qui t'ont le plus marqué ?

Giovanni :

– Enfant, je dévorais de la BD et des livres dont vous êtes le héros, ces livres-jeu essentiellement tournés sur l’univers de la fantasy, et les romans jeunesse que m’a transmis ma mère. J’aimais beaucoup me plonger dans de grandes encyclopédies ou des beaux-livres dans le CDI du collège et des lycées que j’ai fréquentés. Adolescent, je me suis tourné vers la poésie et les romans et j’ai délaissé la fantasy. J’ai eu une période « polar » et une autre « thrillers » mais ça m’est passé aussi. J’ai fini par lire surtout des revues scientifiques et des livres de plus en plus liés aux recherches nécessaires à l’écriture de mon roman fleuve, Aliandra. Aujourd’hui je poursuis mes collections de BD, mon ambition de départ pour laquelle finalement je n’ai pas eu l’opportunité d’acquérir les fondamentaux en dessin. Je lis encore quelques romans, souvent en numérique sur mon téléphone, n’ayant pas Internet dessus, par choix. Parmi les livres qui me viennent en écrivant ces lignes, je pense aux fables de La Fontaine, qui a pour moi une pertinence remarquable, Marcel Pagnol, René Barjavel et Roger Borniche pour la profondeur émotionnelle de leurs personnages. Je n’ai pas à proprement parler un livre qui m’a marqué plus qu’un autre. Ils sont comme des gens, complémentaires par leurs différences et leurs qualités distinctes. Ils forment une pensée collective hétéroclite qui a accompagné ma progression toutes ces années, du moins ma croissance.

Angeline :

– Quels sont les auteurs que tu apprécies du passé et du présent ?

Giovanni :

– Vous êtes bien installés ? Non, il me faudrait des jours pour rendre une liste exhaustive des auteurs qui m’ont touché et qui naturellement m’influencent encore. J’ai une affection particulière pour les relations humaines décrites par Marcel Pagnol et Émile Zola. J’ai beaucoup aimé la construction narrative de Dan Simmons. J’ai une affection toute particulière pour la musicalité des mots d’Éluard, Musset et Victor Hugo. J’ai été fan de Roger Borniche, un auteur de polars qui donne une dimension humaine à ses personnages, peu importe de quel côté ils se tiennent. Sand, Daudet et Balzac sont de formidables témoins de leur époque aussi. La Fontaine et ses fables, bien sûr, Rimbaud, pour la virtuosité.

Dans les auteurs du XXIème siècle, j’ai des lacunes, compte tenu que je ne voulais pas reproduire un schéma vendeur ou reprendre une idée déjà éculée, consciemment ou non. Je crois que j’avais peur de renoncer à achever mon drôle de roman si je ne le menais pas à son terme avant de voir ce que les autres pouvaient écrire. Renouer avec le monde des auteurs, depuis quelques temps, m’a permis de découvrir de belles choses, et cela me rassure au fond de constater la diversité et la mixité des plumes comme des sujets traités en langue française de nos jours.

Angeline :

– Publies-tu sous un ou plusieurs pseudonymes et pourquoi ?

Giovanni :

– Non, c’est mon vrai nom. Je n’ai jamais publié de livre sous pseudonyme. Étant auteur d’une série et d’une saga, je serais mal avisé de ne pas garder ce fil conducteur entre toutes mes histoires.

Angeline :

– Que représente l'écriture pour toi ? D'où te vient ton inspiration ?

Giovanni :

– De la vie quotidienne, d’anecdotes, des nombreuses personnes que j’ai rencontrées à travers mon premier métier dans le paramédical, mes rêves aussi. Par contre, je n’écris presque pas sur l’actualité. Certains ont un vrai talent pour décortiquer tout cela et en faire leur fond de sauce. Je traite les sujets qui me touchent quand ils me parlent, et surtout lorsque je suis prêt pour les aborder.

Angeline :

– Comment trouves-tu l'inspiration pour créer tes protagonistes ?

Giovanni :

– Les personnages, ce sont les piliers de mes livres. Généralement toute l’histoire repose sur leurs épaules. Au-delà de ce qu’ils vivent, ce qu’ils sont, leur passé et leur ressenti donnent les grandes lignes de leur destin. Je tiens compte de beaucoup de paramètres qui n’entrent pas toujours dans le récit, mais qui me permettent de justifier si untel fuira, rusera ou fera face à une situation donnée. Je donne des détails physiques au compte-goutte, m’en remettant davantage aux attitudes et aux postures plutôt qu’à l’allure et au genre d’un individu.

Angeline :

– Aimerais-tu essayer d'écrire dans un autre genre ?

Giovanni :

– En fait, si je produis principalement des récits SFFF, j’ai déjà écrit par le passé une auto-fiction qui a été éditée en 2009, et deux nouvelles pour des concours que j’ai remportés en 2013. La première faisait le parallèle entre une invasion de zombies et les spécialités culinaires de Cambrai. La seconde était un récit où un tueur en série fabriquait des cordes de violon avec des intestins humains. Ces livres m’ont conforté dans l’idée que j’avais matière à persévérer. Malgré l’intérêt suscité, mon projet titanesque était trop éloigné des formats attendus par les éditeurs avec qui j’ai pu collaborer par le passé, ce qui m’a conduit à l’autoédition pour Aliandra.

Angeline :

– Te considères-tu comme un auteur engagé et pourquoi ? Désires-tu faire passer un message par l'écriture de ton roman ?

Giovanni :

– Un auteur engagé, ce serait crédible si j’avais un statut suffisamment important pour entrer parmi les voix qui comptent. Cela dit, on délivre forcément un message quand on écrit, même dans une fiction. Faustine est par exemple une jeune fille qui découvre qu’elle a des sentiments pour son amie d’enfance Jennifer. Je traite leur premier baiser en toute simplicité, parce que ce n’est pas le sujet de l’histoire. Ma prise de position est claire. Deux personnes peuvent tomber amoureuses l’une de l’autre, indépendamment de leur genre. À partir de là, je ne vois pas pourquoi il faudrait le raconter différemment. Donc, effectivement, il y a des prises de position et des choix narratifs inhérents à la personnalité des narrateurs, voire à la mienne.

Angeline :

– Comment prépares-tu ton livre, as-tu des carnets ou cahiers ou écris-tu directement sur ordi ?

Giovanni :

– Sur la forme, j’ai connu plusieurs étapes propres à notre génération qui a vu naître l’informatique. J’ai commencé dès l’âge de huit ans à écrire sur des petits cahiers de brouillon, puis des beaux cahiers quand j’ai eu la chance d’avoir un peu d’argent de poche. J’ai eu la chance d’avoir une Triumph Adler en 1994, une machine à écrire électronique sur laquelle j’ai appris à taper au clavier en autodidacte. J’ai enfin eu mon premier PC à l’âge de 20 ans, pendant mes études en électronique. Cela dit, j’ai gardé l’habitude de griffonner des petits bouts de papier au travail. J’ai toujours de quoi écrire sur moi, peu importe l’occasion, les idées me viennent parfois en roulant. La route m’a longtemps permis de réfléchir à mes livres, tiens...

Angeline :

– Utilises-tu des bêtas et des correcteurs ?

Giovanni :

– J’ai reçu différentes aides au cours des vingt dernières années. Des copines au collège puis au lycée me lisaient et me « notaient », oui on était assez scolaire. j’ai fait lire mes cahiers à mes profs de français, puis ma prof de philo qui m’ont beaucoup apporté. Une précieuse amie du chœur gospel que je fréquentais en Charente Maritime a porté un regard précieux sur les trois premiers épisodes d’Aliandra. Hélas un déménagement nous a séparés. Une fois dans le Nord, j’ai écrit sur un blog, trouvant ainsi de nouveaux lecteurs pour Faustine et Tempus Fugit. J’ai un moment cherché un ou une co-auteur(e) pour achever Aliandra, mais l’occasion ne s’est pas présentée.

Après la parution des livres, j’ai continué Aliandra en espérant que mon éditrice aurait des relations susceptibles de m’accompagner sur le plan régional mais rien ne s’est passé pendant de nombreuses années et j’ai rangé mon barda dans un coin. J’ai achevé mon roman fleuve début 2013. La même année je gagnais deux concours sur Welovewords, mais les deux maisons d’édition ont plié les gaules l’année d’après, incapables de se démarquer sur le numérique et pérenniser leur activité. j’ai tenté d’écrire une suite à Faustine mais l’éditrice n’a pas voulu produire ce nouvel opus, les deux premiers ne s’étant pas assez vendus. Ensuite avec mon accident, j’ai eu autre chose à penser et j’ai laissé mes livres de côté.

Finalement, alors que j’allais fermer mon compte Facebook et définitivement abandonner le net, je me suis promené dans quelques groupes sans trop de conviction, et je suis arrivé sur Accros aux Livres. J’y ai rencontré de nombreux passionnés, et finalement, après quelques ajustements, j’ai mis un pied dans l’aventure de l’auto-édition. j’ai eu des retours de lecture de la part de plusieurs personnes, dont une en particulier qui relit mes épisodes pour m’aider à expurger mes textes de ses dernières fautes de frappe. En revanche, hormis Catherine et Laura, je n’ai pas sollicité d’autres correcteurs.

Angeline :

– Que penses-tu de tes écrits ?

Giovanni :

– En terme de qualité, notamment par mon choix de narration à la première personne pour immerger mes lecteurs en temps réel dans l’histoire, façon caméra à l’épaule, j’ai sacrifié sur l’autel de la cohérence un niveau d’écriture qui me sépare définitivement des œuvres littéraires. Ayant pratiqué le chant, j’ai toutefois trouvé que certains, malgré une tessiture réduite ou une technique vocale perfectible, parvenaient à transmettre une émotion et la marque d’une personnalité authentique. Il y a eu des génies du verbe, Cocteau, Rimbaud, La Fontaine, rendant juste la comparaison impossible. Doit-on cependant mettre au ban ceux qui, n’ayant qu’un bagage ordinaire, se contentent de mettre en prose des rêveries qui leur trottent dans la tête ? Outre l’assentiment de gens du métier sur quatre de mes récits, j’ai l’audace de croire qu’il existe un public pour mes livres.

Angeline :

– Si tu as des mauvais commentaires, quelle est ta réaction ?

Giovanni :

– J’en ai déjà eu par le passé, quoique rarement acerbe. Évidemment ça me touche. On met beaucoup de cœur à l’ouvrage et on a forcément un souci de qualité quand on écrit. C’est une profession et il faut respecter les gens qui nous lisent en leur donnant la meilleure expérience possible, peu importent les choix artistiques qu’on fait. Mais comme je l’ai déjà dit, l’écriture est un perpétuel apprentissage, et un livre reste toujours perfectible. Donc tant que c’est argumenté ou du moins émis avec respect, je reste ouvert. Moi-même je bloque sur certains textes parce que la sensibilité de l’auteur ou le sujet abordé ne me parlent pas. Je conçois sans mal que mes propres écrits laissent des lecteurs de marbre. Après, si le commentaire est juste une diatribe fulgurante crachée comme le venin d’un serpent précoce à l’orée d’une toison trop longtemps espérée, je ne pense pas y être à nouveau sensible. A la limite, l’ignorance est nettement plus dérangeante pour un auteur que la polémique qui, elle, est presque plus vendeuse que l’éloge.

Angeline :

– Quel est ton endroit et ton animal favori ?

Giovanni :

– Je ne trouve rien de plus apaisant que de regarder l’immensité d’un océan ou d’une mer aller et venir sur une plage et marcher sur le sable mouillé, parfumé d’iode. Mon animal reste mon chien qui est parti voilà plusieurs années, et que je n’ai pas su remplacer. Il m’a accompagné dans de longues années de solitude adolescente. C’est un âge duquel je n’ai jamais percé les codes et j’en suis sorti totalement déphasé avec les goûts ordinaires de ma génération.

Angeline :

– Quels conseils peux-tu donner aux lecteurs qui désirent devenir écrivains ?

Giovanni :

– Tout le monde peut écrire. Je ne me suis jamais posé la question de savoir si j’étais en droit d’écrire. Je le faisais naturellement, comme on fait ses gammes au piano ou ses kilomètres à vélo pour s’entraîner. Par contre, pour être lu, il faut veiller à connaître ses pairs, ses classiques et au moins avoir les mots pour expliquer sa démarche et en quoi elle mérite qu’on lui accorde de l’attention. Ensuite, le tout n’est pas d’avoir une bonne histoire, il faut encore lui donner une présentation correcte et agréable. Je crois qu’il faut écrire avec le soin qu’on attend soi-même d’un livre qu’on achète. S’attend-t-on à le voir criblé de fautes, mal mis en page, avec des dialogues mal agencés ? N’espère-t-on pas une histoire avec une fin à la hauteur ou la promesse d’une suite palpitante ? Bref, une cohérence esthétique et un contenu abouti sont primordiaux. Un dernier conseil, la lecture à haute voix. Si une phrase n’en finit pas ou qu’une répétition - ma spécialité - revient spontanément deux lignes plus loin, c’est une bonne façon de l’entendre.

Angeline :

– Giovanni, merci d'avoir répondu à toutes ces questions.

As-tu quelque chose à ajouter ?

Giovanni :

– Oh un dernier mot sur Aliandra, qui connaît une saison aussi puissante que celle de l’écurie Prost Grand Prix en 1998. Si vous avez envie de voir évoluer un narrateur de ses vingt ans à ses quarante et entrer dans une aventure caméra à l’épaule de l’aube de l’an 2000 à nos jours, profitez de la sortie du premier tome le 21 mars sur Amazon. Il réunit les trois premiers épisodes de la série, qui je le rappelle en compte neuf, qui sont déjà écrits et verront le jour à la fois sur Amazon et sur Kobo/Fnac. Bonne découverte. Angeline, merci beaucoup de ta proposition d’interview. J’espère ne pas m’être trop étalé et ne pas avoir perdu tout le monde en chemin avec tout mon blabla 📷:)

Angeline :

– Euh… No comment 📷:) Merci de ta participation et je te souhaite beaucoup de succès.

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